Mercredi 18 mai 2011
Gonzague Saint Bris revient en Touraine – mais l’a-t-il un seul jour vraiment quitté ? – pour s’intéresser à l’un de ses plus illustres natifs et écrivains : Honoré de Balzac, l’inventeur du roman moderne. « Tout-petit, je suis tombé dans la marmite de la Comédie humaine (soit 137 œuvres), explique-t-il. À 13 ans, j’étais foudroyé par le père Goriot. À 15 ans, je recherchais dans la forêt de Loches, les empreintes du roman La Ténébreuse affaire inspiré par l’enlèvement du sénateur Clément Der Ris. À 21 ans, mon premier billet à la Une du Figaro s’intitulait "Rastignac en province". Et de rappeler qu’il est aussi un descendant direct – « entre Balzac et moi, l’encre a pris la place du sang » – de Charles Louis Mame, « premier éditeur du jeune Honoré qui le rendit célèbre en imprimant dès 1830 ses Scènes de la vie privée. »
Ouvrage dans lequel Balzac prend le parti de la gente féminin. « Il devient son défenseur et se fait aimer d’elle dans toute l’Europe en lui autorisant l’adultère, notamment. C’est aussi avec cette œuvre qu’il fait la connaissance de la comtesse Hanska. Avec elle, ce sont 18 ans d’amour, 16 ans d’attente, 2 ans de bonheur, 6 mois de mariage et… il meurt ».
Des personnages reparaissants
Tour à tour romancier, dramaturge, critique littéraire, critique d’art, essayiste, journaliste, imprimeur, Honoré de Balzac a laissé une œuvre romanesque qui compte parmi les plus imposantes de la littérature française. « Chacune de ses œuvres lui a demandé un effort si considérable qu’elle a rétréci inexorablement son existence. Il a été un décrypteur de la société ou surtout un homme qui a su anticiper le présent C’était enfin un forçat de l’écriture qui a inventé le système des personnages reparaissants. Les éléments récurrents du monde balzacien riche de plus de 3 000 personnages. » Et Saint Bris de raconter : « Quand Balzac (se) meurt, il appelle à son chevet le seul médecin qui peut le sauver : le docteur Bianchon, un personnage de la Comédie humaine ».
« Être moi-même »
Si nombre d’écrivains ont déjà exploré et prospecté Balzac « comme un monde parce qu’il est un monde », Gonzague Saint Bris s’est attaché, dans sa biographie, à narrer verticalement et horizontalement « toute la vie de l'écrivain tourangeau enrichie par tous les moments forts de son œuvre. »
Balzac disait : « je suis inexplicable pour tous, nul n’a le secret de ma vie et je ne veux le livrer à personne ». Un vrai défi pour Saint Bris qui a du coup emboîté le pas au « colosse de la littérature ». « Je suis allé partout où il est allé, avec en tête sa devise : "J’appartiens à ce parti d’opposition qui s’appelle la vie " ». Pour au final affirmer : « Balzac m’apporté le courage d’être moi-même. Il m’adonné la foi dans le triomphe de l’autodidacte ».
Jean-Philippe Quinery
« Balzac, une vie de roman », éditions Télémaque. 450 pages, 22 euros. Gonzague Saint Bris dédicacera son ouvrage à Saint-Cyr-sur-Loire, samedi 28 mai, à l’occasion de la 3e édition du Chapiteau du livre.