(Gonzague Saint Bris, sans masque mais avec la plume de l'écrivain, photo David Nivière)
Ce week-end avait lieu le festival de la biographie à Nîmes. Thème retenu : l'engagement, ça tombe bien avant le premier tour de l'élection présidentielle le 22 avril! Outre une conférence de Gonzague Saint Bris consacrée à sa biographie de Balzac, conférence dont je fais un compte rendu à la fin de ce billet, je me suis promené dans les allées de « Carré d'Art ».
Auparavant j'avais noté les livres qui m'intéressaient. C'est ainsi que je me suis fait dédicacer une biographie de François Hollande, celle de Richard Michel : François Hollande, l'inattendu, éditions « L'Archipel ». L'auteur a dirigé La Chaîne Parlementaire (L.C.P.), de 2003 à 2009. Il m'a dit avoir eu un accès direct à François Hollande qui a joué le jeu. Un autre biographe du député de Corrèze, Serge Raffy du Nouvel Observateur, signait lui aussi un livre, François Hollande itinéraire secret, « Fayard », qu'il a consacré à l'adversaire le plus redoutable de M. Sarkozy.
On peut penser que la présence de ces deux biographes explique, en partie, le succès incontestable du festival 2012 tant la campagne de François Hollande est une réussite.
Je suis ensuite allé rencontrer Yves Buin qui m'a dédicacé Paul Nizan, la révolution éphémère, éditions « Denoël ». Le destin tragique de Nizan mort en mai 1940 à Dunkerque, sa position politique courageuse d'engagement immédiat dans la Résistance alors que son parti avait approuvé la signature du pacte germano-soviétique, voilà les raisons qui m'incitent à mieux connaître ce normalien, ami de Sartre et d'Aron.
J'avais l'intention de me procurer par ailleurs l'essai sur Chateaubriand, dont je lis actuellement « Mémoires d'outre-tombe », mais quand j'ai lu la critique du livre Le Souvenir du monde dans... Le Monde, où Cécile Guilbert écrivait que Michel Crépu présentait madame Récamier comme la Marilyn Monroe de l'époque (sic) et Bonaparte en tant que sosie des... Rolling Stones (sic), j'ai changé d'avis. Ce genre de facilités est indigne d'un auteur comme Crépu, directeur de « La Revue des Deux Mondes », sauf à considérer qu'il aurait cédé aux pressions de l'équipe marketing des éditions Grasset...
Avec mon épouse qui a beaucoup aimé son Louis XIII dont elle a fait son livre de chevet, nous avons eu le plaisir de discuter avec Jean-Christian Petitfils, président d'honneur du festival 2012¹, venu pour présenter "son" Jésus . Voilà un auteur, docteur d'État en sciences politiques, historien, qui ne fait pas de concessions à l'air du temps. Merci monsieur Petitfils pour votre rigueur qui n'exclut pas un abord facile ; l'urbanité des Anciens.
Salle de conférence : intervention de Gonzague Saint Bris
C'est devant une salle archicomble que Gonzague Saint Bris a présenté dimanche, à Carré d'Art, son livre Balzac, une vie de roman.
On le sait Gonzague Saint Bris n'est pas un tiède (sous la monarchie de juillet il n'aurait jamais pu être du parti du juste-milieu) et comme une star du rock'n'roll il incarne, sinon pourquoi aurait-il consacré tant d'autres biographies aux romantiques (Vigny, Marie d'Agoult, Musset) ? C'est donc avec sa passion coutumière qu'il s'est exprimé.
Assez tendu au début de la conférence, il a d'abord lu d'une voix de stentor des extraits de deux nouvelles de « La Comédie humaine » qui participent de l'épopée napoléonienne : Adieu et Une passion dans le désert ; Le Colonel Chabert complète ces scènes de la vie militaire. Selon lui, dans la première nouvelle Balzac a anticipé la psychanalyse (laissons au lecteur la surprise de découvrir cette étrange histoire), et dans la deuxième il montre, sans tabou, son attirance pour le thème de l'ambiguïté sexuelle que l'on retrouvera dans Sarrasine et chez le personnage inquiétant de Vautrin.
On se souvient de même la manière dont Balzac présente la maison Vauquer au début du Père Goriot : "Pension bourgeoise des deux sexes et autres."
Gonzague Saint Bris a poursuivi en évoquant son ancêtre, Louis Mame, il fut le premier à éditer des textes de Balzac, l'éditeur tourangeau ayant eu aussi le courage de publier, dès 1814, le pamphlet de Chateaubriand : De Buonaparte et des Bourbons.
Pour l'auteur, Balzac, c'est donc presque une histoire de famille. D'où le parallèle qu'il fit entre la désillusion de Balzac vis-à-vis de sa mère : "Elle me haïssait avant que je ne fusse né" et sa propre histoire, celle de l'enfance, qu'il a racontée dans un roman autobiographique Les vieillards de Brighton, prix Interallié 2002. Dans l'oeuvre elle-même, Gonzague Saint-Bris, tel un orpailleur, a trouvé des pépites, outre les deux nouvelles déjà citées je vous renvoie aux pages 373 à 400 de son livre.
La salle, parfois amusée par le lyrisme et les envolées du conférencier, mais très attentive, est vite tombée, sinon en pâmoison, du moins sous le charme. Et la biographie de Balzac s'est arrachée comme du petit pain.
Les admirateurs de Gonzague Saint Bris sont maintenant conviés en sa chère Touraine le dimanche 26 août, il y accueillera une nouvelle fois ses invités de « La Forêt des Livres² ».
Notes
¹ l'autre président d'honneur était Malek Chebel qui vient de publier Vivre ensemble, l'éloge de la différence, éditions « First »
² à Chanceaux-près-Loches (Indre-et-Loire)